EN ROUTE POUR L'ABBAYE

Bon, j'ai retrouvé mes yeux de 20 ans 

" menteuse" s'écrit ma petite voix interne," t'étais déjà miro toute petite, tu te rappelles même pas tes premières binocles " 

Bon, toi, tu la ferme, je t'ai rien demande, non mais.....

Alors, on s'est donc arrêtés au dessus de Lodève pour aller là 

Pas facile de vous expliquer l'histoire de ce lieu

Tout d'abord, il fait parti d'un ordre méconnu en France, sauf de quelques spécialistes 

On les appelait " les bons-hommes de Grandmont" pour leur piété, leur vie rigoureuse

Tout était parti d'un ermite, St Etienne de Muret, qui avait fondé cet ordre au moyen âge, les frères ont ensuite essaimés partout en France, en Angleterre, en Italie,en Espagne,   

Leurs abbayes, simples, étaient toutes construites sur le même modèle, jusqu'à 146 maisons ont été construites 

La règle monastique était rigoureuse, obéissance totale à Dieu, vie de solitude dans des endroits lointains et retirés, pas de biens matériels, accueil et service aux plus pauvres et bien d'autres consignes, toutes très strictes 

Ils ont survécus ainsi jusqu'à la veille de la révolution, au fil des siècles, ils avaient hérités de terres prospères qu'ils cultivaient avec économie et partageaient avec les plus pauvres

Mais les évêques et archevèques de Limoge, de Toulouse et autres villes, commencèrent à lorgner sur ces domaines qui les intéressaient de plus en plus 

Puis, après une longue histoire que je vous conseille de rechercher, tant elle est passionnante, on dirait un roman policier, avec ses trahisons, et surtout la voyouterie des évêques et archevêques , l'ordre fût dissous dans des conditions lamentables 

Après la révolution, les maisons ont été rachetées en divers endroits, puis détruites pour la plupart

Il en reste par ci, par là des ruines qui ont été intégré à d'autres domaines , mais depuis quelques années, des passionnés de cet ordre redécouvrent les vestiges et les protègent quand c'est encore possible.

Celui de Lodève est le seul qui reste en état, 

Il a eu de la chance d'être racheté seulement 3 fois, d'abord en 1791 un négociant de Lodève

Puis en 1849 , la riche famille Vitalis qui l'aménageait en ferme agricole, transformant la chapelle en chai,  mais aussi en faisant des aménagements importants comme un superbe lac artificiel et une belle forêt de pins, de chênes- lièges et une magnifique pinède plantée d'une grande diversité de plantes médicinales et autres variétés et  parfaitement entretenus

En 1957 la famille Bec une famille d'entrepreneurs du coin, racheta le domaine et réalisa des restaurations importantes pour redonner au monastère son caractère originel 

Les lieux appartiennent toujours à la même famille et sont superbement entretenus  et sont habités par la famille, des dépendances, superbes, rajoutées au fil des années par les 3 familles propriétaires sont également habitées par le personnel 

Le domaine est d'une propreté impressionnante et l’accueil y est chaleureux ! 

Si vous vous intéressez à cette histoire, je vous conseille le livre du grand spécialiste de cet ordre,Gilles BRESSON,  " MONASTÈRES DE GRANDMONT " absolument passionnant que j'ai acquis sur place mais que vous pouvez vous procurer.

voilà les photos de notre belle visite 

Le parc, de plusieurs hectares est remarquablement aménagé,  le lac, avec ses animaux en liberté qui gambadent autour

Chèvres , moutons, oies, ânes , biches et chevreuils, un calme et une sérénité incroyables ! 

Puis, dans la forêt, une surprise de taille, tout en haut d'un promontoire des menhirs, il faut savoir qu'il y a plus de menhirs et de dolmens en Aveyron qu'en Bretagne ! 

Beaucoup de tables , de pierres plates destinées à diverses occupations et même  un fauteuil en pierre, permettait aux moines de se reposer, tout en se massant le dos , on l'a essayé, super confortable, on avait plus envie de bouger ! 

En continuant encore plus haut, voici le grand dolmen , impressionnant ! 

Les moines ont respecté de façon exemplaire les divers monuments construits par leurs prédécesseurs, qui étaient -ils d'ailleurs ? 

Ils ont simplement taillé des croix par ci, par là, comme pour exorciser ces pierres d'un autre temps 

De la haut, près du grand dolmen, la vue est époustouflante 

Et lui ? c'est le grand chêne blanc, âgé de plus de 500 ans, il couvre de son ombre tranquille les âmes des moines qui dorment là, derrière l'église, à même la terre, pour que les hommes  piétinent  sur leurs tombes en guise d'humilité

Lorsque l'on sort de cet enclos, croyez-moi, on est pas indemnes d'émotions à moins d'être un mécréant indécrottable

 Mais là, y'a plus rien à faire pour son âme.....