Hier, c'était la réunion annuelle de notre petite association " les Gagnon de France" le pendant de la grande sœur Canadienne " les Gagnon et Belzile du Canada "
Nous étions invités et reçus à Argenteuil, ville où je l'avoue, je n'avais jamais mis les pieds, pas très chaude par sa réputation plutôt sulfureuse et agitée
C'était oublier bien vite le passé, Héloïse et Abelard, les grandes abbayes, St Denis, les vignobles et les peintres impressionnistes, oublieuse que je suis
Nous étions reçus par le Président et l'historien de la Sté Historique et Archéologique d' Argenteuil et du Parisis, le Val d'Argenteuil, vieille et savante institution
Dans une jolie villa du 21 rue Karl Marx ( personne n'est parfait, la villa d'à côté est celle de la fille du célèbre agitateur )
Cette maison est celle du peintre Claude Monet, au temps où il résidait dans la petite ville, pleine de charme de l'époque, entre 1871 et 1878, nombreux peintres de ses amis sont passé par là, il réalisera 259 toiles à cette époque, dont 156 sur Argenteuil, la Seine et les environs,
Mais bien sûr, il y avait une autre raison de notre présence dans cette maison, en lien direct avec notre patronyme
Entre 1744 et 1794, Valentin GAGNON, natif et habitant Argenteuil où il travaillait à la poste de l'époque, écrivit un journal, relatant les grandes choses mais surtout les petites choses de tous les jours, les cancans, les histoires de gens ordinaires, ce manuscrit est précieux pour les historiens
Nous avons pu le voir, le feuilleter, une petite écriture serrée, avec l'orthographe du temps passé,
Une fois notre assemblée terminée, les comptes approuvés, votés à l'unanimité, sous le patronage du " colonel" chargé de l'intendance, ( il ne faut jamais négliger l'intendance, certains se sont fait repasser dans d'autres temps pour faute d'intendance ) notre Présidente et notre Vice Président, ont joué du tire bouchon pour un apéro bien mérité
Ensuite, direction le restaurant, déjeuner Italien , où certains aficionados ont pu suivre en direct le match de foot sur grand écran, rien à faire, on ne peut pas y échapper, faut faire avec !
Puis nos hôtes historiens nous ont alors fait traverser la ville, pour nous faire découvrir le passé prestigieux de l'endroit
Nous avons suivi l'ancienne rue principale qui dès le moyen âge et même avant selon les recherches, nous conduisaient vers l'abbaye Notre-Dame
L'histoire de cette abbaye est mal connue avant 1003 mais à cette date le Roi lui octroi des terres, elle était donc déjà importante
Devenue prospère grâce à une production de vins fort appréciés un peu partout dans le royaume et ailleurs, l'abbaye attire l'attention du célèbre abbé Suger à Saint Denis, c'était tout de même un vieux renard celui-là, et sous prétexte qu'Héloïse, qui en est abbesse à ce moment là, se conduit comme une gourgandine et ferait mener aux moniales une vie un peu légère, il obtient en 1129 l'expulsion des sœurs et dans la foulée s'attribut le monastère, il rattache les biens et les terres à Saint Denis , l'abbaye perd son autonomie et devient un simple prieuré dépendant de Saint Denis
A notre époque on appellerait ça une spoliation mais dans ce temps là, on ne discutait pas avec Suger
Bien mal acquit ne profite jamais, c'est connu, après cette période, l'abbaye s'appauvrit, et l'ensemble abbatial périclite au cours des siècles pour être finalement vendu comme bien national en 1793
La totalité des bâtiments disparaît, rasée et une usine s'installe sur le site
C'est la faillite de cette usine, en 1914, qui va faire renaître cette histoire, la ville rachète le terrain et commence des travaux et voilà que les fondations révèlent des choses bizarres
Différentes campagnes mettent au jour de nombreux vestiges datés du 12 ème siècle,
Continuant notre remontée dans le temps, nous nous dirigeons ensuite vers une petite chapelle, qui fait face aux fouilles de l'abbaye
La Chapelle St Jean Baptiste
C'est l'un des derniers vestiges de l'art Roman en Île de France , au 8 et 9 èmes siècles, elle faisait sans aucun doute parti de l'enclos de Bénédictines
Des fouilles ont permis de trouver des sépultures remontant au 8 ème siècle, témoignant de l'occupation des lieux par des cultes Mérovingien ( ça nous rajeunit pas ….)
D'incendies Normands en invasions diverses et variées, la chapelle est refondée grâce à la Reine Adélaïde vers 1003, au moment où le Roi Robert le Pieux fait don de grandes terres à l'abbaye
Mais voilà qu'au 17 ème siècle, les moines ont besoin de sous, alors ils vendent la chapelle à un vigneron qui l'utilise comme cellier , du coup, bingo, elle échappe à la révolution et n'est pas revendue comme bien national et pas rasée comme l'abbaye
Elle a été très bien restaurée en 1984 et, bien évidement classée
Héloïse et Abélard, un destin terrible, surtout pour lui, mais pas plus drôle pour elle, en ce temps-là, on ne rigolait pas avec les histoires d'oreillers !
Notre visite s'est poursuivi vers la Basilique Saint Denys d'Argenteuil , toujours cette proximité avec la basilique voisine
C'est l'église paroissiale devenue Basilique Mineure en 1898
Construite en 1861 à la place de l'ancien cimetière , elle remplace l'ancienne église paroissiale devenue trop vétuste , sa construction est confié à Théodore Ballu, célèbre architecte Parisien ( église de la Trinité, de Ste Clothilde et de l'hôtel de ville en 1871 )
C'est le maire de l'époque qui fait un don et en raison d'une parti de fonds publics, on trouve une inscription pas banale sur le fronton de l'église , c'était avant la loi de séparation de l'église et de l'état de 1905
L'architecte adopte un style fort couru à l'époque, néo-roman, un clocher imposant de 57 mètres abrite 4 cloches, dont " la Marie " classée monument historique en 1944
L'église abrite plusieurs œuvres d'art protégées et classées , tableaux, peintures murales, autels, chaire et surtout la célèbre relique, dite " tunique du Christ " dont la légende veut qu'elle soit conservée à Argenteuil depuis l'an 800 , offerte par Charlemagne
La Sainte Tunique fait l'objet d'un très important pèlerinage, elle a été présentée l'année dernière aux pèlerins ,normalement, elle n'est sortie que tous les 50 ans, mais il se dit que l'évêque pourrait accorder qu'elle soit présentée plus souvent
L'autel avec des représentations gravées sur cuivre, selon des dessins de Violet-Le-Duc
Au centre, devant l'autel, un merveilleux pavage
Les initiales S.D avec la couronne de France aux fleurs de Lys
Chapelle du Sacré-coeur , j'ai déposé une bougie avec une petite prière, pour mon petit fils Pierre , qui passe son bac, demain, un petit coup de pouce du ciel peut être utile !
Les reliquaires
C'était une belle journée, chaude et ensoleillée, nous avons vu des choses magnifiques, entendu de belles histoires de notre pays, de ses racines, qui font chaud au cœur
Merci à nos 2 guides, qui ont été des puits de science et de gentillesse
Si un jour vous ne savez pas quoi faire, au lieu de baver devant Drucker, contactez donc ces 2 hommes-là, vous ne le regretterez pas !
je vais aller mettre aussi une bougie pour Chloé demain bac français !
RépondreSupprimerça peut pas faire de mal , bonne chance à Chloé pour prendre plein de points d'avance pour l'année prochaine
Supprimerbises
En effet c'était historique! Un ancêtre blogueur, dis donc...enfin avec les moyens de l'époque mais tout de même! Sinon, en effet, Argenteuil c'est bien autre chose que ce qu'on en entend dire. De mon temps on évoquait surtout les asperges...
RépondreSupprimerEt puis, il ne faut pas confondre la Sainte Tunique avec...euh...l'inverse...oui, bof, enfin, je n'aurais peut être pas dû la faire, celle-là...
Gros bisous honteux.
mais si mais si, elle est très bonne...d'ailleurs on dit bien aller aux asperges non pour parler de...oui, enfin bon, des asperges y'en a plu à Argenteuil, les tours et le béton les ont chassées, avec les vignobles et les maraichers, maintenant il n'y a plus que des voilées et des chances pour la France en pagaille, mais ça rapporte moins que les asperges
Supprimergros bisous
👏👏👏👍
RépondreSupprimerMERCI !
SupprimerMagnifique billet, quelle belle page d'histoire, fort bien commentée et illustrée.
RépondreSupprimerBises, chère Danielle.
Gilles.
NB : n'oublie pas de m'adresser le petit mail convenu, d'avancemerci.
Ah oui ! tu fais bien de me le rappeler ,j'avais oublié, la tête parfois…
Supprimerbises mon cher Gilles
Quel patrimoine dans cette ville d'Argenteuil qui n'a pas que des mauvais côtés. Une belle réunion, et une visite très intéressante. Merci Danielle.
RépondreSupprimerBises et bon début de semaine
il est vrai que ça été une bonne découverte, on a l'impression de 2 villes différentes mais que de voilées et de barbus dans les rues !!
Supprimerbises et bon lundi
ben dis donc, on fait tous les deux dans les visites de monuments !
RépondreSupprimerbelles photos
Bisous
c'est nous 2 que Jupiter devrait nommer ministres de la culture, ce serait plus efficace que l'autre cloche
Supprimerbises
Sans oublier les asperges d'Argenteuil avec leur confrérie des Compagnons de l'asperge d'Argenteuil. j'ai un ami décédé dernièrement, Jean Lhérault qui en faisait partie. Et le célèbre "picolo" vin d'Argenteuil, que j'ai goûté il y a quelques années, il était fait par le dernier vigneron d'Argenteuil Jacques Defresne décédé à 89 ans en 2013. Vignes recréées vers 1997 à la demande de la mairie. Merci de cette agréable visite bises
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